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© Manuela Lalic, Happy End, 2012. Chariot usagé, objets décoratifs en plastique | Used caddy, decorative plastic objects. 90 x 75 x 65 cm. Avec l'aimable permission de l'artiste | Courtesy of the artist.

Manuela Lalic
du 19 janvier 2013 au 23 février 2013
Activisme timide

Les installations de Manuela Lalic se présentent comme des espaces voués aÌ€ la démesure que caractérise une pratique de la surabondance, dissimulant toutefois un souci d’ordre minimaliste. Sans pour autant saturer les lieux qu’elles investissent – quoiqu’en les contaminant considérablement –, ces interventions mettent en place une série d’associations empruntant leurs composantes aÌ€ l’inépuisable société de consommation.

Évidés le plus souvent de leur fonction initiale, les éléments hétéroclites que l’artiste réactive semblent davantage sélectionnés pour leurs qualités formelles et le pouvoir d’évocation qui résulte de l’hybridité aussi séduisante qu’insoupçonnée de leurs combinaisons. Ce « choc des hétérogeÌ€nes(1) » est symptomatique d’une recherche visant aÌ€ révéler le potentiel poétique de notre environnement quotidien. AÌ€ la fois critiques, les micro-actions organiques et quasi-scientifiques que l’artiste met aÌ€ l’épreuve offrent différentes narrations ponctuées par la disposition hiérarchique des éléments dans l’espace et le simulacre d’une dichotomie nature/culture.

Cette production polymorphe réveÌ€le une propension de l’artiste aÌ€ l’exceÌ€s qui s’incarne dans le chaos transitoire d’un échec fonctionnaliste. AÌ€ l’instar des agencements de motifs, c’est également ce qu’évoquent les masses instables et informes qui apparaissent fréquemment dans ses installations. Ainsi, l’oeuvre présentée chez Optica se compose de milliers de trombones tordus – éléments récurrents depuis 1998 –, ici éparpillés sur une surface épurée. Cette masse diffuse agit pour Lalic sur l’ambivalence d’un constat du temps perdu évoquée par le geste répétitif et mécanique de son assemblage. Face aÌ€ la faillite que constitue cette action, elle y voit la métaphore d’un élan collectif concentré dans une obstination solitaire. Cette conduite n’est pas sans rappeler le principe de la perte, « qui doit eÌ‚tre la plus grande possible pour que l’activité prenne son véritable sens(2) ». L’énergie ainsi dépensée manifeste un désir d’investissement qui échappe aÌ€ l’inertie, aussi improductif que puisse sembler le geste. Comparable aÌ€ une banquise, la surface aÌ€ laquelle s’agrippe cette structure désarticulée cherche aÌ€ accroiÌ‚tre sa nature organique, tout en y accentuant le désœuvrement.

Certes ironique, l’« activisme timide » de Lalic se réveÌ€le alors dans la caricature d’un paysage glacial confronté aÌ€ un inventaire d’étrangetés, le tout dissimulant la critique d’une société qui tend sans cesse aÌ€ préfabriquer et standardiser les multiples facettes de notre existence.

Alexandre Poulin

1. Jacques RancieÌ€re, Malaise dans l’esthétique, Paris, Galilée, 2004, 173 p.
2. Georges Bataille, La part maudite [1967] précédée de La notion de dépense [1949], Paris, Les éditions de minuit, 2011, p. 24.

L’artiste remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec.

«Activisme timide» est brièvement mentionnée et recommandée dans l'article de Nicolas Mavrikakis, Pistes hivernales ( Voir, 10 janvier 2013).

L'exposition «Activisme timide» de Manuela Lalic fait l'objet de plusieurs articles dont celui de Jérôme Delgado, Fragiles monuments de petits riens (Le Devoir, samedi 9 février 2013, de Daniella E. Sanader, Manuela Lalic : Activisme timide (C Magazine, numéro 118, été 2013), de Catherine Martel, Dialogue créatif avec Manuela Lalic (Querelles, 10 juillet 2013) et de Cynthia Girard, Patate indécise dans l'atelier de Manuela Lalic (Espace Sculpture, numéro 105, automne 2013). Il est également possible d'écouter l'entrevue accordée à Chantal l'Heureux pour l'émission In situ (CIBL, 101,5 fm) diffusée le 17 février 2013. Écoutez l'entrevue avec Manuela Lalic (In situ, 17 février 2013).



D’origine française, Manuela Lalic possède un diplôme de mâtrise en arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal (2000). Finaliste du prix Powerhouse 2012 et récipiendaire de la bourse Pratt et Whitney Canada (2009), elle a entre autres présenté son travail au Canada, aux États-Unis, en France, en Allemagne, au Liban, au Japon, en Chine et, plus récemment, en Serbie.