Marjolaine Bourdua
du 19 janvier 2013 au 23 février 2013
La pratique de Marjolaine Bourdua porte sur l’exploration du meÌdium sonore qu’elle combine aÌ€ la reÌalisation d’environnements, de sculptures et de dessins. Il reÌsulte de ce maillage un univers construit aÌ€ partir d’un reÌpertoire culturel et populaire, aux formes sculpteÌes et dessineÌes, jamais clairement eÌnonceÌes. AÌ€ travers les variations d’un motif puiseÌ au monde du spectacle – la sceÌ€ne –, ses œuvres s’inscrivent dans le registre de la rupture et du simulacre. Elles nous placent en situation d’attente sans offrir d’ancrage temporel indiquant si la performance est termineÌe ou sur le point de deÌbuter. Alors que Bourdua travaillait le son et la mateÌrialiteÌ plastique de manieÌ€re indeÌpendante dans ses projets anteÌrieurs, sa pratique actuelle se concentre depuis peu sur leur amalgame au sein d’une meÌ‚me sculpture.
Dans son ouvrage La socieÌteÌ du spectacle, Guy Debord deÌcrivait le feÌtichisme de la marchandise et sa mise en spectacle en termes de syndrome illustrant l’emprise du systeÌ€me capitaliste sur le quotidien. Ici, le caracteÌ€re simple et sommaire de l’œuvre, ouÌ€ abondent les reÌfeÌrences aÌ€ l’espace theÌaÌ‚tral inoccupeÌ, paraiÌ‚t faire eÌcho aÌ€ cet essai politique en proposant une expeÌrience eÌveÌnementielle anti-spectaculaire, inscrite en marge de la consommation de masse et du marcheÌ. La banaliteÌ intentionnelle et la pauvreteÌ des eÌleÌments qui en constituent le deÌcor ainsi que l’absence de spectacle accentuent ce postulat en creÌant un eÌtat de latence, caracteÌristique de la pratique de l’artiste. Maintenue aÌ€ distance, une sceÌ€ne invite le spectateur aÌ€ combler ce vide selon ses interpreÌtations et ses reÌfeÌrences culturelles.
Quant aÌ€ la trame sonore diffuseÌe en boucle, elle interfeÌ€re et eÌtablit un dialogue complexe avec les composantes physiques de la sculpture. Alliant diverses sources phonographiques – eÌchantillonnages, explorations vocales et lignes meÌlodiques – les sons ici amorceÌs, aussitoÌ‚t interrompus, participent aÌ€ l’eÌlaboration d’un systeÌ€me reÌfeÌrentiel et perceptif aÌ€ la fois inacheveÌ et perpeÌtuellement contredit. Alors que la socieÌteÌ de consommation s’appuie sur la stimulation et la construction du deÌsir de possession, Bourdua nous invite aÌ€ reÌfleÌchir aÌ€ la porteÌe meÌtaphorique d’un objet qui eÌmet un langage singulier aux antipodes de la superficialiteÌ de la dite socieÌteÌ du spectacle.
Julie Alary Lavallée
L’artiste remercie le Conseil des arts du Canada et Raphaël HuppeÌ-Alvarez.
Marjolaine Bourdua sera chez OPTICA le samedi 23 février 2013 à partir de 14h, venez la rencontrer.
La sculpture sonore de Marjolaine Bourdua, présentée du 19 janvier au 23 février 2013, fait l'objet d'un court article de Karine Bouchard, L'inquiétante étrangeté d'une présence sonore (Webzine, Vie des arts, mercredi 20 février 2013).
NeÌe en 1983, Marjolaine Bourdua est deÌtentrice d’un baccalaureÌat en arts visuels et meÌdiatiques de l’UniversiteÌ du QueÌbec aÌ€ MontreÌal (2007) et d’une maiÌ‚trise en arts visuels de la Villa Arson en France (2008). Elle a agi comme commissaire et pris part aÌ€ de nombreuses expositions ici et aÌ€ l’eÌtranger – aÌ€ la Galerie FreÌdeÌric Giroux (Paris), Centre d’art et diffusion Clark, Circa, Galerie Verticale, Sporobole et au MuseÌe d’art contemporain des Laurentides. Il s’agit de sa premieÌ€re exposition solo aÌ€ MontreÌal. ReÌcipiendaire d’une bourse de la releÌ€ve du Conseil des arts et des lettres du QueÌbec (2011) et d’une subvention de projet du Conseil des Arts du Canada (2012), elle vit et travaille aÌ€ MontreÌal.