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© Marjolaine Bourdua, Sans titre (Les béatitudes), 2012. Sculpture murale, pâte polymère, armature de métal | Wall sculpture, polymer clay, metal frame. 48 x 42 x 6 cm. Avec l'aimable permission de l’artiste | Courtesy of the artist. Photo : David Jacques.

Marjolaine Bourdua
du 19 janvier 2013 au 23 février 2013

La pratique de Marjolaine Bourdua porte sur l’exploration du médium sonore qu’elle combine aÌ€ la réalisation d’environnements, de sculptures et de dessins. Il résulte de ce maillage un univers construit aÌ€ partir d’un répertoire culturel et populaire, aux formes sculptées et dessinées, jamais clairement énoncées. AÌ€ travers les variations d’un motif puisé au monde du spectacle – la sceÌ€ne –, ses œuvres s’inscrivent dans le registre de la rupture et du simulacre. Elles nous placent en situation d’attente sans offrir d’ancrage temporel indiquant si la performance est terminée ou sur le point de débuter. Alors que Bourdua travaillait le son et la matérialité plastique de manieÌ€re indépendante dans ses projets antérieurs, sa pratique actuelle se concentre depuis peu sur leur amalgame au sein d’une meÌ‚me sculpture.

Dans son ouvrage La société du spectacle, Guy Debord décrivait le fétichisme de la marchandise et sa mise en spectacle en termes de syndrome illustrant l’emprise du systeÌ€me capitaliste sur le quotidien. Ici, le caracteÌ€re simple et sommaire de l’œuvre, ouÌ€ abondent les références aÌ€ l’espace théaÌ‚tral inoccupé, paraiÌ‚t faire écho aÌ€ cet essai politique en proposant une expérience événementielle anti-spectaculaire, inscrite en marge de la consommation de masse et du marché. La banalité intentionnelle et la pauvreté des éléments qui en constituent le décor ainsi que l’absence de spectacle accentuent ce postulat en créant un état de latence, caractéristique de la pratique de l’artiste. Maintenue aÌ€ distance, une sceÌ€ne invite le spectateur aÌ€ combler ce vide selon ses interprétations et ses références culturelles.

Quant aÌ€ la trame sonore diffusée en boucle, elle interfeÌ€re et établit un dialogue complexe avec les composantes physiques de la sculpture. Alliant diverses sources phonographiques – échantillonnages, explorations vocales et lignes mélodiques – les sons ici amorcés, aussitoÌ‚t interrompus, participent aÌ€ l’élaboration d’un systeÌ€me référentiel et perceptif aÌ€ la fois inachevé et perpétuellement contredit. Alors que la société de consommation s’appuie sur la stimulation et la construction du désir de possession, Bourdua nous invite aÌ€ réfléchir aÌ€ la portée métaphorique d’un objet qui émet un langage singulier aux antipodes de la superficialité de la dite société du spectacle.

Julie Alary Lavallée

L’artiste remercie le Conseil des arts du Canada et Raphaël Huppé-Alvarez.

Marjolaine Bourdua sera chez OPTICA le samedi 23 février 2013 à partir de 14h, venez la rencontrer.

La sculpture sonore de Marjolaine Bourdua, présentée du 19 janvier au 23 février 2013, fait l'objet d'un court article de Karine Bouchard, L'inquiétante étrangeté d'une présence sonore (Webzine, Vie des arts, mercredi 20 février 2013).

Née en 1983, Marjolaine Bourdua est détentrice d’un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec aÌ€ Montréal (2007) et d’une maiÌ‚trise en arts visuels de la Villa Arson en France (2008). Elle a agi comme commissaire et pris part aÌ€ de nombreuses expositions ici et aÌ€ l’étranger – aÌ€ la Galerie Frédéric Giroux (Paris), Centre d’art et diffusion Clark, Circa, Galerie Verticale, Sporobole et au Musée d’art contemporain des Laurentides. Il s’agit de sa premieÌ€re exposition solo aÌ€ Montréal. Récipiendaire d’une bourse de la releÌ€ve du Conseil des arts et des lettres du Québec (2011) et d’une subvention de projet du Conseil des Arts du Canada (2012), elle vit et travaille aÌ€ Montréal.