Andrew Dutkewych
du 7 février 1984 au 29 février 1984 Travaux récents / New Work
Le sculpteur Andrew Dutkewych vit et travaille à Ormstown au Québec. Il a obtenu en baccalauréat en arts visuels du Philadelphia College of Art en 1966 et il a poursuivi des études post-graduées à la Slade School of Fine Arts à Londres, Angleterre.
Une fois revenu à Montréal, il a exposé son travail au Musée d’art contemporain, au Centre Saydie Bronfman, à Véhicule et récemment, aux Galeries d’art Sir George Williams. Il a de plus participé au Symposium international de sculpture environnementale à Chicoutimi et, en 1983, a présenté ses œuvres sur les pelouses du Agnes Etherington Art Centre à Kingston, Ontario.
Dans ses sculptures en acier, Dutkewych développe une recherche sur la frontalité à partir d’un concept de non-référentialité. Son propos, à l’origine influencé par la sculpture formaliste de Grande-Bretagne, des États-Unis et du Canada, prend en compte depuis quelque temps l’observation de la dialectique nature/architecture.
La sensibilité qui se dégage des sculptures de la présente exposition avait en quelque sorte été anticipée dans la conclusion du catalogue écrit par la conservatrice, Sandra Paikowski en 1982 sur Andrew Dutkewych :
« Ce serait une erreur de percevoir la série [d’œuvres dans cette exposition] en tant que sculpture paysagiste. Pourtant, peut-être du fait que Dutkewych travaille à la campagne, un lien métaphorique se trace entre la logique sculpturale de Cascades et la logique interne et mystérieuse de la nature.
- Communiqué de presse (Optica)
- Silvy Panet- Raymond (traduction)
Vera Frenkel, Anne Ramsden
du 7 février 1984 au 29 février 1984 Verifications
« Vérifications » est une exposition vidéo organisée par deux membres du Conseil d’administration d’Optica, Sorel Cohen et Monica Haim. Il s’agit d’une investigation sur le thème de la vérité et de la fiction par la mise-en-abîme du personnage dans les œuvres vidéo récentes de Vera Frenkel et de Anne Ramsden.
Artiste multidisciplinaire, Vera Frenkel travaille présentement à Toronto. Elle montrera ... And Now The Truth, 1980, deuxième partie de The Secret Life of Cornelia Lumsden ; N/B et couleur, 30 minutes.
Dans cette bande basée sur un fait réel, Vera Frenkel poursuit son enquête vidéographie sur la vie, le travail et le destin de Cornelia Lumsden, la romancière canadienne légendaire qui vécut à Paris dans l’entre-deux guerres pour disparâtre ensuite mystérieusement. Il s’agit d’un exemple particulièrement éloquent de l’interrelation image-son-texte et de l’emploi combiné du documentaire et de la mise en scène qui caractérisent le travail de Frenkel.
Tourné à Banff, Kyoto, Toronto et Montréal, ... And Now the Truth joue sur les registres des cultures élitiste et populaire et sur les données que chacune représente dans une suite de rebondissements où vérité et fiction s’enchevêtrent.
La vidéaste montréalaise Anne Ramsden propose sa série « Manufactured Romance » (1982-84, couleur) où une jeune auteure, Candie Cane, évolue peu à peu vers l’autonomie, dans sa vie personnelle et dans sa vie professionnelle sur la forme du télé-roman dont l’usage est si rependu dans les œuvres de fiction à la formulaire standardisé où elle énumère ce qui la caractérise comme personne. Et, curieusement, il semble que ce sont là les seuls faits auxquels le spectateur peut référer au sujet de Candie dont le caractère est par ailleurs si emmêle dans des personnalités fictives qu’elle parât irréelle.
Par l’alternance bien dosée d’éléments de conscience et d’objectivité et d’éléments de confusion et de sentimentalité, Candie Cane constitue un portrait émouvant et ironique, une vision contemporaine des problèmes d’identité.
Vera Frenkel et Anne Ramsden posent toutes deux le dilemme réalité-fiction et amènent les spectateurs à trouver un sens dans le questionnement de la vraisemblance.
- Communiqué de presse (Optica)
Eva Brandl
du 7 mars 1984 au 31 mars 1984 The Golden Gates
«La sculpture/installation propose une collision d’images et d’objets qui résulte en une série d’ambigüités entrelacées. La structure de « The Golden Gates » se réfère en partie à la structure linguistique inhérente aux textes de Marguerite Duras. Ceci comporte l’élaboration d’une articulation visuelle au sein d’un processus de déconstruction suivi d’un mouvement vers la réconciliation d’opposés. L’approche à l’œuvre est une de climat et de tension.
Ce qui m’intéresse est d’engendrer des situations qui, à priori, rassurent tout en brouillant l’ordre des choses. Je fragmente, éloigne et réordonne divers aspects de mon expérience.
« The Golden Gates » explore la tension narrative d’un geste imminent par le biais d’accumulation de sensations. En ceci, le travail se désigne.
L’ensemble de l’œuvre n’est pas particulier au lier pour ce qui est de l’intégration des éléments à l’architecture ; plutôt, l’architecture offre un cadre pour la mise en lieu d’un moment arrêté et amplifié.â€
- Eva Brandl
Je forme des horizons devant vos yeux. Le jeu est en relation à lui-même. Il ne remuera pas. Vous avez le loisir complet d’en observer les parties et de leur mouvement l’un vers l’autre. Je crée un paysage devant vos yeux.
- Matthew Maguire, « The Language of Sight »
- Communiqué de presse (Optica)
- Silvy Panet-Raymond (traduction)
Née en Allemagne en 1951, Eva Brandl demeure et travaille à Montréal depuis 1974. Suite à une année d’études en scénographie au Conservatoire de Québec, elle obtient son baccalauréat en arts visuels de l’université Laval et sa mâtrise de l’université Concordia à Montréal. Ses œuvres ont été exposées au Québec et à travers le Canada. « The Golden Gates » est sa seconde installation située dans un lieu adjacent à son studio, rue Clark.
Gregor Cürten
du 10 mars 1984 au 31 mars 1984 Peintures et dessins
Gregor Cürten, dont les œuvres les plus récentes seront exposées entre le 10 et le 31 mars à Optica, est un jeune peintre qui vit à Cologne. Ses tableaux sont un lexique qui répertorie les images de la grande culture, de la culture populaire et la culture de masse- ces images qui seront les traits topographiques du paysage culturel que l’artiste habite. Quoique ses contemporains et ses compatriotes sembleraient désirer échapper à l’Histoire et se retirer dans une subjectivité non-médiatisée, c’est précisément le désir opposé qui anime l’œuvre de Cürten : approprier et manipuler les images, surtout celles qui appartiennent à l’histoire de l’art - celles qui sont génératrices de culture – afin de mettre en évidence l’omniprésence et l’inéluctabilité de l’Histoire. En appropriant les images qui sont générées par l’histoire d’une civilisation, et qui sont génératrices de sa culture, ces images qui constituent le contenu des coffres de la culture et qui sont données comme garantie dans les transactions de l’Histoire, l’enracinement de la production artistique individuelle dans la culture, et l’enracinement de la culture dans l’Histoire est souligné. Perçu de ce point de vu, il parâtrait que la permission est refusée à l’individu qui veut se réfugier dans un havre où Être a un lieu et cependant Devenir est hors temps.
- Monica Haim, Organisatrice de l’exposition
C’est grâce au programme pour favoriser la venue d’artistes étrangers du Conseil des Arts du Canada et du Ministère des affaires extérieures que Gregor Cürten accompagnera cette exposition, et donnera des conférences dans des universités canadiennes.
Nous espérons que celle-ci marquera le début d’une série d’expositions d’œuvres d’artistes étrangers dont la pratique engendre et fait une contribution significative aux débats théoriques et critiques actuels.
Luigi Ghirri
du 5 avril 1984 au 25 avril 1984 Photographies
La photographe italien Luigi Ghirri est né en 1943 à Scandiano en Emilie. Il vit aujourd’hui à Modène et enseigne à l’Université de Parme. Son œuvre a été l’objet de plusieurs expositions et publications européennes. Cette première exposition de son travail au Canada a été organisée par l’artiste montréalaise Sorel Cohen et comprend des photographies en couleur de la série « Nature – Morte » (1977-79) et de la série, plus récente, intitulée « Topographie – Iconographie ».
Voici ce que dit Luigi Ghirri des motivations à la base de son travail :
«Mon travail est issu de la nécessité, et du désir d’interpréter et de traduire la signification de la totalité des hiéroglyphes. Je ne traite pas seulement d’une réalité qui est aisément reconnaissable, mais je travaille aussi avec la pensée, la mémoire, l’imagination, le fantastique et les significations obscures.
Le fossé entre l’infiniment petit et l’infiniment grand a été comblé par une question infiniment complexe : l’homme, sa vie et la nature.
Le besoin de connâtre tire donc son origine de ces deux extrêmes, alternant entre le microscope et le télescope de façon à pouvoir traduire et interpréter la réalité ou l’hiéroglyphe.
D’un autre côté, la possibilité de voir et de pénétrer dans le monde du réel se retrouve dans toutes les représentations et les types de cultures connus, qui nous ont été donnés comme sûrs et indiscutables, conditionnant notre relation au réel et à la vie, voire même la relation qu’une image par satellite entretient avec la terre.
Ainsi, la photographie, avec son indétermination, devient un sujet privilégié pour se dégager du symbolisme inhérent aux représentations dépourvues d’ambigüités, la valeur de vérité lui est accordée.»
- « Kodachrome », Punta e Virgola, Modène, Italie, 1978, p 11-12
Jean-Claude Lemagny décrit ainsi certains aspects fondamentaux de l’œuvre :
L’œuvre de Luigi Ghirri se place à la jointure de deux artifices : celui de la photo en couleur et celui du monde moderne. Ghirri sait voir leur exacte correspondance.
La photo en couleur, à force d’exactitude pointilleuse, en oublie la vérité et l’ensemble et nous fait voir en monde totalement fantastique.
Le monde moderne, à force de multiplier les objets fabriqués et les matières synthétiques, devient entièrement artificiel. Ces deux modes de l’irréel se rejoignent dans les photos de Luigi Ghirri.
- Luigi Ghirri, Feltrinelli, Milan, 1979, p. 59.
- Communiqué de presse (Optica)
Robert McNealy
du 5 avril 1984 au 25 avril 1984 La deuxième traversée
Robert McNealy, originaire de l’Ouest des États-Unis, vit et travaille à Toronto. Il présente une nouvelle installation qui combine la peinture et la sculpture, à Optica du 5 au 25 avril.
Le critique Richard Rhodes a dit à propos d’une œuvre de Robert McNealy présentée en 1982 à la galerie Mercer Union et intitulée Mercer Mnemonic : sample, size + relativity :
Ce travail récent semble mettre l’emphase sur l’inarticulé. Toutes ces brèches entre les choses, ces interruptions dans la ligne, j’incline à les considérer comme des espaces desquels les œuvres sont exclues ; cela vous situe entre les noms des choses, en leur redonnant une grandeur qui ne dépend d’aucune autorité si ce n’est de l’intuition et de l’imagination. C’est comme si McNealy entreprenait de récupérer l’espace, de trouver une façon de nous rappeler l’envergure des choses au lieu de l’étroitesse paroxysmique habituelle de la photographie de presse. Son titre dit mnémonique, ou mémento, et je crois que c’est de cette ampleur qu’il voudrait que l’on se souvienne. Cette œuvre parle de liberté...
- Vanguard, février 1983, p 39
Critique au Globe & Mail, John Bentley – Mays décrit l’installation à la galerie YYZ :
Cette tactique, qui entremêle simplicité, matérialisme et désorientation, est devenue depuis longtemps un lieu commun et elle est délicate. Comme beaucoup de projets d’aspect complexe, elle peut facilement donner lieu à une solennité pesante. L’œuvre de McNealy est sans prétention et demeure ainsi grâce au respect sans réserve qu’éprouve l’artiste pour le spectateur et pour la tradition artistique.
- The Globe & Mail, 10 décembre 1983
Robert McNealy :
Dans cette œuvre, j’essaie de faire ressortir les éléments susceptibles d’être associés dans ce qui pourrait être associés dans ce qui pourrait être vu comme une suite d’événements/ sujets disparates et ainsi établir des parallèles entre mon activité et le climat sociopolitique actuel. Je considère l’ensemble de cette situation comme une écosystème où coexistent l’exposition/événement et la galerie/lieu.
Parce que certains éléments cessent d’exister lorsque l’exposition prend fin, ils soulignent la nature temporelle de l’art, ou de toute chose. Ce qui demeure est la documentation qui, comme l’histoire, nous parle d’un événement passé dont certains matériaux demeurent : une allégorie de la culture.
- Communiqué de presse (Optica)
Sherrie Levine
du 1 mai 1984 au 23 mai 1984 Photographies
Ce document est uniquement disponible en anglais:
" (...)More recently Optica exhibited four series from Levine’s earlier works: After Walker Evans, After Andreas Feininger After Franz Marc and After Egon Schiele. The effect of this reversal was problematic in that Levine’s watercolours not only upstaged her earlier works but tended to negate the most provocative aspect of her original position: the denial of authorship (...)"
- Cheryl Simon, Vanguard, septembre 1984
Jean Lantier
du 29 mai 1984 au 20 juin 1984 Installation / Peinture
Jean Lantier vit et travaille à Québec. Il présente à la galerie Optica du 29 mai au 20 juin, un ensemble d’œuvres où il tente d’explorer une relation image - objet complexe, qui articule divers niveaux de références culturelles.
« Je conçois mon travail comme tendant vers ce que l’on pourrait nommer un espace poétique. L’espace poétique serait analogue au rêve, un lieu dans lequel rien ne converge vers un point précis et où pourtant tous les possibles existent. Rien ne peut être nommé, rien ne peut être fixé de manière définitive, mais à l’était latent. C’est un lieu mental ouvert, où la complexité règne. Lieu métaphorique.
Mon travail est issu de la peinture. Il en conserve une certaine approche de l’image et une relation au mur. Mais c’est une peinture éclatée, sans continuité de surface, morcelée en îlots, où les types de relations entre les différentes composantes de l’œuvre tiennent de l’installation. C’est un travail qui porte sur l’image ; la figuration y est présente, mais au niveau du signe, en tant que référence permettant des jeux d’associations se voulant non linéaires, plus proches du rêve que de l’anecdote. »
- Jean Lantier
- Communiqué de presse (Optica)
Joyan Saunders
du 29 mai 1984 au 20 juin 1984 Photographies
Joyan Saunders est originaire de Terra Nova à Terre-Neuve, elle vit maintenant à La Jolla en Californie où elle étudie et enseigne au niveau du programme de la M.B.A. à l’Université de Californie à San Diego. Elle a diffusé son œuvre photographique et vidéographique dans plusieurs centres canadiens et américains ainsi qu’en Europe. Dix-sept de ses photographies seront exposées à la galerie Optica du 29 mai au 20 juin et ses bandes vidéo pourront être visionnées gratuitement au centre Vidéographe, du lundi au vendredi de 10h à 17 h pendant la durée de l’exposition. (Vidéographe : 4550, rue Garnier, près de Mont-Royal, 521-2116)
« Mes intérêts et directions actuelles, en tant qu’artiste visuelle, se réclament d’une préoccupation de longue date pour certaines sphères des sciences sociales. Particulièrement en ce qui a trait au phénomène de la psychologie sociale, la dynamique des procédés de la socialisation culturelle, l’évidente malléabilité de l’individu, l’adaptation, la déviance, etc... Je tente souvent par mon travail, de générer une conscience de, une réflexion sur ces questions, généralement en extrapolant à partir de ma propre expérience.
Dans presque tout mon travail photographique jusqu’à présent, j’ai utilisé la combinaison de l’image et du texte, l’une fonctionnant en interdépendance par rapport à l’autre. Cette méthode est une conséquence de mes réflexions sur la subjectivité de l’image photographique et du désir de présenter une information complexe et articulée... Mon travail récent s’éloigne du détail personnel et anecdotique pour s’appuyer davantage sur l’évocation de l’association, quoique les questions fondamentales demeurent sensiblement les mêmes. Cette tendance semble plus évidente dans mes bandes vidéo où je me sens relativement dégagée de certaines limites que peuvent imposer le cadre fixe/moment fixe.
Dans mes bandes vidéo, les activités font référence à la contrainte : vraisemblablement un comportement illogique qui prend racine de façon tortueuse dans la pensée rationnelle. Quoique cette activité soit consciente de prime abord, le contexte et le traitement stylistique font qu’elle fonctionne principalement comme un catalyseur d’associations ; un cadre de travail à des réflexions sur la dynamique psycho-sociale, les implications et les origines du comportement. En soi, ces activités sont intentionnellement orientées et l’achèvement logique signifie la fin de la bande.»
- Joyan Saunders
- Communiqué de presse (Optica)
Exposition de groupe
du 5 septembre 1984 au 29 septembre 1984 Lieux et figures
C’est sous ce titre que la galerie Optica ouvrira pour la première fois ses portes à l’architecture, du 5 au 29 septembre 1984. Pour nous, l’École est l’un des lieux essentiels - et mal connus du public – où s’élabore le discours sur la ville et, par conséquent, la réalité urbaine de demain. C’est donc neuf projets réalisés dans le cadre de la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal qui seront exposés. Ils sont l’œuvre de :
Cécile Baird
Michel Dionne
Sophie Charlebois
Luce Lafontaine
Claude Lamoureux
Claude Laurin
Louis Martin
Denis Ouimette
François Rioux
Gérald Théreault
Christian Thiffault
Mais, comme le projet d’architecture n’est pas un phénomène isolé, ayant valeur en soi, nous avons voulu compléter cette exposition par un colloque de deux jours, les 15 et 16 septembre, auquel participeront :
Melvin Charney
Robert Cohen
Yves Deschamps
Pierre Granche
Dan Hanganu
Odile Hénault
Alan Knight
Peter Rose
France Vanlaethen
René Viau
- Communiqué de presse (Optica)
Marshalore
du 3 octobre 1984 au 27 octobre 1984 Album
« Album » : une question, une enquête, un jeu, un espoir. Assemblés dans notre mémoire, tous les matériaux qui servent à construire nos vies. Le mystère de l’interaction, glané à même l’imagerie, l’expérience et les sentiments qui forment nos propres albums : la substance de la synchronicité. Se déplaçant par cercles concentriques, à la recherche de quelqu’écho chez les autres, notre subjectivité peut prendre, apparemment, des impressions au hasard, pour ensuite en faire le tissu même de notre propre compréhension individuelle. Les joies et les peines qui définissent le caractère d’une personne peuvent se retrouver chez quelqu’un d’autre, via ses forces et ses faiblesses.
Nous avons travaillé, en sessions individuelles, durant une période s’étendant sur plusieurs mois ; les participants et moi, le miroir, j’écoutais, alors qu’à différents degrés, ils en vinrent à être en contact avec eux-mêmes et conséquemment avec les autres. A chaque essai, il y avait quelque chose de plus de découvert, de plus à examiner, un processus d’apprentissage pour chacun de nous et la base des quatre bandes de l’installation.
Travaillant avec un ordinateur (entité collaboratrice et alter ego) nous devenons sculpteur, compositeur et chef d’orchestre de cet ensemble que constitue le document vidéo – meneur de jeu également du monologue, du dialogue ou de la conversation ; une bande commence, l’instant d'après une autre arrête : un montage sur la mouvance de l’humain, en constante transformation bien que, d’une certaine manière, inévitablement familier.
- Communiqué de presse (Optica)
Marshalore est une artiste transdisciplinaire qui habite à Montréal. Ses productions sont composites : une juxtaposition d’idées quelques fois apparemment disparates, réunies afin de créer une intégration d’images visuelles, auditives et textuelles. Son travail a été largement diffusé en Amérique du Nord, en Europe et au Japon.
Stuart Marshall
du 3 octobre 1984 au 27 octobre 1984 Journal of the Plague Year, 1984
En général les reportages faits sur le SIDA par les médias et plus particulièrement les informations transmises par la presse médicale ont eu un effet accablant pour la communauté gaie : elle se voyait à la fois refuser le droit de définir elle-même son identité et nier la reconnaissance légitime de ses droits civils. Le 3 juillet 1981, le New York Times publiait un article titré : 41 homosexuels atteints d’un cancer inconnu. Le week-end suivant la communauté gaie newyorkaise était reconduite au ghetto horrible de ses peurs et de sa vulnérabilité. En juin 1982, le conseil municipal de Columbia au Missouri battait une proposition reconnaissant des droits civils à la communauté gaie sous prétexte que les homosexuels étaient des transmetteurs réguliers de maladies.
Au début des années 70, le mouvement gai avait commencé à remettre en question les définitions traditionnelles de l’homosexualité imposées par l’État, l’Église, les médias et la médecine. En même temps la communauté gaie s’était bâtie une infrastructure diversifiée (des ressources dans le domaine des arts et du loisir, des médias parallèles, des cellules économiques et politiques) lui permettant de donner des bases d’appui à ses nouvelles et propres définitions de l’identité gaie. Récemment ces organisations gaies subissaient des pressions de plus en plus fortes : par exemple les attaques répétées pour faire taire la presse gaie (le Body Politic au Canada et le Gay News en Grande-Bretagne). Ces pressions compromettent les définitions nouvelles que les groupes gais d’opposition idéologique et politique cherchaient à consolider.
Il aura fallu plus de cent ans aux hommes gais pour arracher au corps médical le droit de définir leur sexualité. Avec les événements récents qui tentent d’imposer une articulation idéologique entre maladie et sexualité, les gais perdent de nouveau au profit du corps médical le droit de définir leur propre sexualité.
Les œuvres de Stuart Marshall (bandes vidéo, installations et performances) ont été diffusées depuis 1975 à travers l’Europe et les États-Unis, plus spécifiquement à la Tate Gallery de Londres, à la 10ième Biennale de Paris, au Festival de musique contemporaine de Venise et à The Kitchen, New York. Ses écrits sur la théorie et la practique de la vidéo et de la télévision ont été publiés, entre autres, dans Screen, Studio International et Afterimage.
- Communiqué de presse (Optica)
Alison Rossiter
du 3 novembre 1984 au 24 novembre 1984 «Pink Baby Series», «Bridal Satin Series» et «Toy Series»
Depuis 1977 le travail de la photographe Alison Rossiter a été l’objet de plusieurs expositions collectives et personnelles à travers le Canada. Pour sa première exposition à Montréal elle présentera trois séries de photos en couleur datant de 1983 : Pink Baby Series, Toy Series et Bridal Satin Series.
L’aspect technique des photos est impeccable. Elles sont jolies. L’air de familiarité avec la photo publicitaire ne peut nous échapper.
De l’enfance rose avec ses cuillères d’argent, ses jeux innocents avec des appareils ménagers en passant par la robe de satin de la jeune mariée, puis l’avalanche des bouteilles de détergent et des balais, voilà, toute tracée la vie des filles, déjà ménagères.
C’est avec humour et ironie que Rossiter dresse le constat tragique de la socialisation des femmes.
- Communiqué de presse (Optica)
Jean-Luc Vilmouth
du 3 novembre 1984 au 24 novembre 1984 Sculptures
La Stratégie du Réduve Masqué : Roger Caillois fait mention, dans un des chapitres de « Méduse et Cie » qu’il consacre au mimétisme animal, du cas du Réduve Masqué (Reduvius Redivivus) qui se dissimule en accumulant sur son corps la poussière qu’il gratte alentour avec ses pattes. L’X que Jean-Luc Vilmouth présentait en 1980 relevait d’une procédure voisine : un parallélépipède de bois brut enduit de colle était recouvert par le pigment raclé au sol dans un périmètre suffisant et soufflé sur l’objet. On pourra bien sûr ne voir là que l’effet singulier du hasard, et pourtant...aucune économie utilitaire ne justifie le geste de l’insecte par rapport à celui de l’artiste : comme l’explique Caillois, le mimétisme est inutile, sinon nuisible ; les ennemis des insectes sont attirés par l’odeur ou par le mouvement, très rarement par l’aspect de la proie. Et d’ailleurs il y a luxe de précautions, excès de simulacre (...). Il arrive ainsi que le Réduve Masqué se recouvre d’une poussière brillante et colorée plus propre à attirer le regard qu’à le distraire, et certaines chenilles ressemblent tellement à des feuilles qu’elles se dévorent entre elles : les scientifiques appellent hypertélie cet excès de zèle de la nature qui déjoue les interprétations trop simples (Sevro Sarduy appliquait cette notion aux travestis, plus féminins que leur modèle social dans leur désir de parâtre et de séduire...). Claude Gintz explique fort bien comment dans le vitrail de Vilmouth la rigueur de la motivation ruine également toute idée de finalité fonctionnelle : une très belle pièce de 1979 montre un marteau qui semble n’avoir servi qu’à creuser la cavité dans laquelle il repose, inutile ; la cause se résorbe dans son effet, le bibelot s’abolit et le marteau, pour filer la référence poétique, s’offre sans mâtre (en l’occurrence, sans titre).
Toute l’œuvre de Vilmouth me parât pourvoir se déployer à partir de ces deux repères que sont l’X et le Marteau sans Mâtre. Si la volonté d’exclure l’arbitraire du procès de travail trouve son origine dans l’histoire récente de l’art, la technique ou plutôt la stratégie (Claude Gintz souligne qu’elle est ironique ou fatale) mise en place a beaucoup à voir avec ce mimétisme que Lacan définit comme donnant à voir « quelque chose en tant qu’il est distinct de ce que l’on pourrait appeler un lui-même qui est derrière » : les objets qui se découvrent en se dissimulant sous une accumulation de matière (la série des cut-out, la Ménagerie du soir, Odyssée), les ustensiles dont une précise chirurgie révèle le masque menaçant, les footballeurs – caméléons qui se parent des écailles noires et jaunes de leur ballon renvoient (il y a une cause) mais tout est gratuit (il n’y a pas de raison) et cependant nécessaire. Probablement cette finalité sans fin qui est la définition kantienne de l’art... D’une certaine façon, Vilmouth choisit – comme l’avant – garde abstraite des années trente, sans le déclarer, d’imiter la nature non dans ses formes mais dans son fonctionnement, mais il pervertit ce choix en imitant la nature quant elle se mêle d’imitation, c’est-à-dire dans son aspect le moins économe et le moins rationalisable.
- Communiqué de presse (Optica)
Michael Fernandes
du 1 décembre 1984 au 22 décembre 1984 Cour âge
Optica présente son installation en trois parties : No Escape, Manœuvres et Growing Up Strong, qui rejoignent plusieurs pratiques : objets fabriqués selon diverses échelles, photographies, projections et bandes sonores. Le tout engage le spectateur dans une relation avec les aspects multiples de l’environnement. La voix de l’artiste s’insère comme présence au sein de l’œuvre.
« Fernandes semble assigner un système de valeurs, inventer des éléments et provoquer des associations sur divers plans lors de la fabrication de l’œuvre. Le tout est provisoire. Son travail ne s’articule pas en tant qu’entité thématique. C’est comme s’il pensait tout haut et que dans l’espace de la galerie il trouvait un endroit précis, propice à cette contemplation. »
- Cliff Eyland, Vanguard, été 1984
Fernandes nous dit de son travail : « Cette installation est un constat sur la situation humaine et les complexités qui en découlent, sur notre façon d’improviser ou encore de jouer sur telles possibilités. Le travail s’accorde plutôt avec la vulnérabilité intérieure qu’avec les gestes extérieurs. »
- Communiqué de presse (Optica)
Michael Fernandes est un artiste qui vit et travaille à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Depuis plusieurs années il est membre actif des programmes gérés par des artistes, en plus d’avoir exposés ses œuvres en Nouvelle-Écosse et à travers le Canada.
Bob Burley
du 1 décembre 1984 au 22 décembre 1984 Photographies
Depuis quelques temps, j’ai photographié des intérieurs fictifs ; studios de télévision, salles d’échantillons de meubles, maisons de poupée. Ce n’est pas le décor en soi ni la représentation de styles qui m’intéressent, mais plutôt les mécanismes qui font que ces mises en scène fonctionnent comme fiction, et comment, en retour, les photographies de ces fictions pourraient amener le spectateur à remettre en question ses présomptions sur la photographie.
Ce travail est plus ou moins le résultat de mes expériences dans le cadre d’une école d’architecture. En photographiant des maquettes d’architecture, j’ai été intrigué par la façon dont les choses deviennent incroyablement réelles à travers le modèle, la perfection de sa construction et son image photographique.
Tous les lieux que j’ai photographiés sont construits pour créer l’illusion : l’illusion de l’habitabilité. Cette illusion est à la fois mondaine/superficielle et profonde ; et cela parce que le contenu de l’illusion nous est très familier et basé sur l’expérience quotidienne.
Comme c’est le cas pour toutes les illusions, le succès de la duperie dépend de la perspective. J’ai essayé de situer la caméra de telle façon qu’elle puisse à la fois accentuer et révéler l’illusion. Le paradoxe qui en résulte doit encourager le spectateur à considérer l’emphase avec laquelle notre monde est façonné de manière à créer l’illusion et la complicité de la photographie dans cette configuration continue du monde comme image.
- Bob Burley, novembre 1984
- Communiqué de presse (Optica)
Miklos Legrady
du 1 décembre 1984 au 22 décembre 1984 I Want to Bite the Hand That Feeds Me
L’amour est du domaine du privé. L’intérêt politique se concentre sur les événements et les idéologies qui guident la vie publique alors que l’interaction entre individus, à son niveau le plus fondamental, est pris pour acquis jusqu’à ce qu’éclate une crise.
Ce travail cherche à saisir certains aspects illusoires de l’amour en les représentant sous la forme d’une nature morte.
- Miklos Legrady
- Communiqué de presse (Optica)