Rutger Emmelkamp, Vladimir Mindek
du 16 janvier 2004 au 21 février 2004 Exposition
«J’ai marié une veuve qui était mère d’une fille adulte. Mon père est devenu amoureux de ma belle-fille et l’a épousée, devenant ainsi mon gendre, et ma belle-fille est ainsi devenue ma mère en épousant mon père. Ma femme a donné naissance à un fils qui était, bien sûr, le beau-frère de mon père et aussi mon oncle puisqu’il était le frère de ma belle-mère. L’épouse de mon père est devenue la maman d’un fils qui était, bien sûr, mon frère, et aussi mon petit-fils. En conséquence, ma femme était ma grand-mère puisqu’elle était la mère de ma mère – j’étais le mari de ma femme et son petit-fils en même temps – et, comme le mari de la grand-mère de quelqu’un est son grand-père, JE SUIS MON PROPRE GRAND-PÈRE!»
- Mark Twain
«Ik heb niets tegen verzen op-zichzelf. Wil men de woorden in ’t gelid zetten, goed! Maar zeg niets wat niet waar is. “De lucht is guur, en het is vier uur.†Dit laat ik gelden, als het werkelijk guur en vier uur is. Maar als ’t kwartier voor drieën is, kan ik, die mijn woorden niet in het gelid zet, zeggen: “de lucht is guur, en ‘t is kwartier voor drieën.†De verzenmaker is door de guurheid van den eersten regel aan een vol uur gebonden. Het moet voor hem juist een, twee uur, enz. wezen, of de lucht mag niet guur zijn. Zeven en negen is verboden door de maat. Daar gaat hij dan aan ’t knoeien! Of het weer moet veranderd, of de tijd. Eén van beiden is dan gelogen.»
- «Max Havelaar» (1860), Multatuli (1820-1887)
«Je n’ai rien en soi contre les rimes, ni contre le fait de disposer les mots en rang, pourvu que l’on dise les choses telles qu’elles sont. Par exemple, si je dis: «Il est quatre heures et je suis de mauvaise humeur». S’il est quatre heures et que je suis réellement de mauvaise humeur cela ne me pose aucun problème. Mais s’il est quatre heures moins le quart, moi qui ne suis pas poète, je peux toujours dire: «Il est quatre heures moins le quart et je suis de mauvaise humeur». L’humeur du poète est régie à l’heure pile. Pour lui, il doit être une heure ou deux ou trois, etc. Autrement, il a avantage à changer son humeur ou à changer l’heure. Sinon, quelque chose sonnera faux.»
- Traduction libre de «Max Havelaar» (1860), Multatuli (1820-1887)
Vladimir Mindek est né à Ostrava en République tchèque et vit maintenant à Montréal. Il a étudié les beaux-arts à l’Université Concordia. Son travail a fait l’objet de plusieurs événements vidéo au Canada et en France.
Belinda Campbell
du 16 janvier 2004 au 21 février 2004 C'était bien, surtout la fin
Référant à la tradition de l’autoportrait et dans l’esprit de l’autofiction, Belinda Campbell traite le médium vidéo comme une forme de spectacle où elle se met en scène. Elle est à la fois le sujet et l’objet de la manipulation qu’elle s’impose et expose. Ludique, cette manipulation sert de prétexte à la transformation d’un quotidien banal, fade et médiocre, en une réalité imagée, poétique et ironique. Ces monologues, issus de divagations, puisent leur source dans l’improvisation, forme d’expérimentation inépuisable. «C’était bien, surtout la fin» est une installation vidéo simple qui va droit à l’essentiel usant d’une grande économie de moyens : Campbell en mouvement et une lutte dans un non-lieu. Dans un combat créateur où le but n’est pas de gagner, mais de se débattre jusqu’à l’épuisement, cette installation est une véritable vidéo-spectacle où Campbell donne une prestation d’elle-même dans une performance vulnérable et une mise en scène dépouillée.
Belinda Campbell est née en Argentine, a grandi à Saint-Hyacinthe et vit à Montréal. Elle a fait un peu de théâtre, touché aux lettres et a toujours joué du piano. Elle a étudié à l’Université du Québec à Montréal où elle poursuit des cours bien qu’un jour elle quittera l’établissement. Finalement, elle aime le médium vidéo pour son hybridité et comme matière sensible.
Stephen Schofield
du 5 mars 2004 au 10 avril 2004 A Boy's Own Story
Je m’intéresse au monde imaginaire de l’enfance, quelque part entre les jouets et les outils. Je m’intéresse particulièrement à la projection mal orientée d’un désir sexuel sur les choses qui occupent la banale maison de banlieue de mon histoire. Les sculptures dans cette exposition sont d’étranges regroupements d’objets qui, dans mon souvenir, sont merveilleux; mécaniques, cristallins, en peluche ou lisses, ils ont tous à voir avec l’égocentrisme. En se fermant au monde qui l’entoure et en intensifiant chacun de ses gestes, un garçon acquiert un pouvoir terrible et ridicule. Il me semble que l’égocentrisme soit marqué par de brusques changements d’échelle, par des formes irrégulières et compliquées, des espaces tordus et des couleurs artificielles; c’est pourquoi j’ai voulu que ces œuvres soient à la fois repoussantes et belles.
- Stephen Schofield
Les sculptures et les dessins de Stephen Schofield font l’objet d’expositions depuis 1979. Au Canada, le Power Plant, la Biennale de Montréal, le Musée d’art contemporain de Montréal et la Galerie Christiane Chassay ont présenté son travail dans des expositions personnelles et collectives. En France, le Centre d’art contemporain de Vassivière, le Credac à Ivry-sur-Seine et l’Aquarium à Valenciennes lui ont, entre autres, consacré des expositions personnelles. Aux États-Unis, on a pu voir ses œuvres à New York à la John Weber Gallery, la Horodner Romley Gallery, au Sculpture Center et à White Columns. Ses œuvres font partie de collections privées et publiques comme celles du Musée des beaux-arts du Canada, du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, de la Banque d’œuvres d’art, de la Burlington Art Gallery, du London Regional Art and Historical Museum, du Musée de Joliette, du Jersey City Museum et du Centre d’art contemporain de Vassivière.
Patrick Coutu
du 5 mars 2004 au 10 avril 2004 Le développement Maisonneuve
Un des événements majeur qui a façonné notre paysage et circonscrit notre espace est l'accès facilité à la propriété à partir de la deuxième moitié du siècle passé. En effet, le rêve pour plusieurs est alors devenu réalisable. Le futur acquéreur est désormais en mesure de choisir parmi divers matériaux tels, l'aluminium, le bois, différentes roches ou différentes briques; il peut aussi varier les couleurs et les motifs. Il invente ainsi à son gré et choisit ce qui deviendra la façade de son lieu d'habitat, ce qui sera vu de la rue. Apparaissent alors d'innombrables variantes d'un même modèle fortement suggéré et omniprésent. C'est cette manifestation de l'individu sur l'architecture qui m'intéresse ici. Le quartier en question se nommait le développement Maisonneuve.
- Patrick Coutu
Patrick Coutu vit et travaille à Montréal. Son travail principalement sculptural se déploie sous plusieurs formes. C’est le rapport entre la psyché et l’architecture qui sont au coeur des préoccupations. Il compte à ce jour plusieurs expositions individuelles dans des centres d'artistes de la province et au Musée National des Beaux-Arts du Québec. Son travail a aussi été présenté dans diverses expositions de groupe ici et à l'étranger dont «Lieux anthropiques» au Centro Cultural Casa Vallarta à Guadalajara au Mexique organisé par la galerie Vox de Montréal à l'automne 2003, et «Citizen Clark» à la galerie Glassbox de Paris.
Loly Darcel
du 23 avril 2004 au 29 mai 2004 Trait d'union, du fleuve à la rivière
Il n’y a ni passé, ni futur, mais seulement une série de présents successifs,
un chemin perpétuellement détruit et continué, où nous avançons tous.
- Le temps ce grand sculpteur, Marguerite Yourcenar
J’ai marché l’île de Montréal d’une rive à l’autre tel un trait d’union entre les deux, captant sur vidéo cette traversée intérieure et le temps qu’a pris le temps à s’écouler sur cette erre continue. Me fondant au mouvement de la ville, à celui des gens croisés, en essayant de garder synchronisés esprit, corps et souffle.
Ensuite sans bouger, j’ai observé et capté l’extérieur de l’île.
Dans la galerie et dans la mesure de mes possibilités physiques, je tente de refaire, dans la durée, le temps de la traversée en marchant surplace, accompagnée des deux projections vidéo.
Je fais du temps et, ou bien je suis tous ces temps présentés.
Dans sa pratique, Loly Darcel prend en compte la constitution du visible, du temps, du corps mis en situation où endurance et fragilité établissent des tensions, des opposés et cela, à travers les jeux de la représentation, intérieure et extérieure, de la pensée et de la connaissance dans l’investigation du réel. La signification de son travail se manifeste au gré des lieux investis dans la ville et au gré des actions entreprises auprès de personnes qu’elle aborde dans l’expérience de l’inconnu et du moment présent. Les modes d’expression qu’elle privilégie sont les installations vidéo et photographiques, les actions, performances et livres d’artistes. Ses productions témoignent aussi d’un intérêt pour l’art in situ et intègrent le plus souvent le tissu social et urbain: «le blanc des yeux», 2003, Le Lobe (Chicoutimi), «les vagues», 2003, Lorient (France), «lifesavers», 2001, Hôpital, Articule (Montréal), «La chimie des corps», 2003, Centre Vu (Québec), «changement d’aire», 2000, Lièges (Belgique), «petite histoire, naturelle, fragile bis», 1999, Lorient (France), «boulevard de l’effacé», 1997 (Montréal). Plusieurs de ses réalisations permanentes font partie de l’art public au Québec.
Visible Art Activity (John Dumett, Kirsten Forkert)
du 23 avril 2004 au 29 mai 2004 Blindspot
«Blindspot» est un espace critique à partir duquel il est possible de questionner et de considérer ce qui se produit lorsque nous errons dans des lieux ou à partir de situations qui n’ont pas de fonction, d’emplacement ou de durée manifestes. Dans une telle situation, que faisons-nous et comment arrivons-nous à saisir quelque chose?
Quelles sont nos attentes quant à ce qui devait s’y produire, puisant dans ce que nous connaissons déjà pour trouver la structure, le contexte ou l’usage? Les villes sont organisées à partir d’un objectif, qu’il s’agisse de fournir des services ou de garantir un déplacement fluide des gens et des marchandises. Cette structure intentionnelle gère notre façon de réagir à la ville, de l’imaginer et de l’utiliser. blindspot élude cette intentionnalité par le biais d’une apparente irrésolution.
Ce projet a débuté avec l’idée de choisir des lieux dans la ville et de fournir des instructions pour les trouver et y rencontrer des gens. Après considérations, nous avons convenu simplement de ne pas donner d’indications, ni de retranscrire des trajets ou des histoires alternatives à la ville. Nous ne voulons pas être dans la position d’expliquer ou de répondre aux questions selon le rapport traditionnel qui lie l’artiste au public ou selon toutes autres formes de hiérarchie. En écrivant ce texte, notre intention est de vous amener à une place similaire à celle où nous nous trouvons maintenant dans le processus. C’est davantage à propos de ce que nous faisons et discutons entre nous qu’à propos d’un lieu, d’une ville ou de vous comme public et de nous comme artistes.
Vous pouvez nous rencontrer à la galerie à compter de 13h00:
Le samedi 24 avril
Le mercredi 28 avril
Le samedi 01 mai
Le mercredi 05 mai
Le point aveugle, c’est nous.
Opérant sous le nom d’otiose, John Dummett poursuit une production en installation et en performance depuis 1997 qui l’a mené sur diverses scènes dans le monde. Récemment, l’on a pu voir son travail à Mountain Standard Time à Calgary et à Factor 44 à Anvers, en Belgique.
Établie à Vancouver, Kirsten Forkert est artiste, professeure, activiste, et s’adonne occasionnellement à l’écriture sur l’art. Sa pratique s’inspire des possibles notions de communauté en marge des définitions offertes par la rhétorique officielle de la culture et/ou du marché. Parmi ses récents projets, certains ont pris la forme de promenades avec des groupes de gens, durant lesquelles les destinations sont choisies collectivement, et d’activités exécutées avec des personnes visant à attirer l’attention sur la politique de l’expérience temporelle.
Hugo Guerreiro
du 10 septembre 2004 au 16 octobre 2004 Mettre les mots à nu
Deux thèmes principaux traversent les œuvres récentes de Hugo Miguel Serra Guerreiro : la mise en espace du temps et de la mémoire, et l’altération des perceptions que déclenche une relation nouvelle aux mots. Ces thèmes reflètent l’habilité même de l’artiste à cartographier sans relâche le monde. Dans Monde fragile des idées, le temps est mis en espace par la pointe d’un marqueur rouge, alors qu’une caméra enregistre en temps réel les mouvements aléatoires d’un humanoïde dont les tentatives ratées de comprendre son expérience temporelle se traduisent en écriture fragmentée. Pendant que la spectatrice et le spectateur projettent leurs propres expériences sur le récit qui se déploie à la fois sur le mur et sur la surface d’écriture, le contraste entre les dimensions spatio-temporelles permet une lecture plus globale de l’expérience du temps.
Dans l’une des autres œuvres, pièce centrale de l’exposition, une certaine phrase scintille de façon éthérée contre un mur dans un endroit choisi de la galerie, cadrant ainsi l’expérience que nous avons de cet espace et permettant la transformation de notre perception. Cette expérience déclenche un questionnement sur le pouvoir même des mots, un pouvoir intangible quoique indélébile puisque ce n’est qu’en exposant sa fragilité inhérente que le mot révèle également sa force incommensurable.
L’œuvre de Hugo Miguel Serra Guerreiro est donc un geste dans lequel la magie de la perception se déploie, au delà de sa signification. Un geste qui s’offre. La célébration infinie d’une rencontre. Mais il nous revient à nous, spectateurs, d’en découvrir le sens et de chérir cette découverte.
- Pedro Schachtt Pereira (2004)
Marie-France Brière
du 10 septembre 2004 au 16 octobre 2004 Nimber le lieu
La poussière contamine l’atelier nappant l’espace de sa substance aérienne ; elle souffle ses pigments partout, rendant visible l’adieu de la matière détruite. Ma main, engloutie jusqu’à l’étouffement, trace sur le bloc des sillons d’absence.
La poussière témoigne de la perte, imposant une matérialité souple et couvrante, noyant le regard dans un brouillard blanc. Espace du reste, mirage et suspension de la matière fine, sans poids.
La forme s’étiole jusqu’à l’indifférence et n’habite plus en partie que la mémoire. Dessiner l’improbable, capter cette fumée qui s’échappe en volute des fissures de la pierre sculptant une disparition.
Patiente dissipation des choses qui ne seront plus.
Mon travail prend appui sur la nécessité de redéfinir certains paramètres liés à la pratique de la sculpture. Repenser les gestes qui y sont associés et plus particulièrement ceux qui s’inscrivent dans la tradition de la sculpture sur pierre.
«Nimber le lieu» amorce un dialogue avec la poussière issue des manœuvres de coupe d’un bloc de marbre blanc. Les particules de poussière s’enlisent sous le verre graduant le vide et l’usure de la pierre.
Le spectateur est invité à reconstituer l’événement dans son ensemble en interrogeant la perte, ce retrait visible dans la matière, ce manque dans la visibilité de la forme.
- M-F Brière
Les panoramiques
le 28 octobre 2004 Événement bénéfice
Artistes : David Altmejd, Gisele Amantea, Atelier Van Lieshout, Nicolas Baier, Mathieu Beauséjour, AA Bronson, Ian Carr-Harris, Aya Dorit Cypis, Michel de Broin, Aganetha Dyck, Jérôme Fortin, Shari Hatt, Bettina Hoffmann, Sutee Kunavichayanont, Nestor Kruger, Yvonne Lammerich, Lani Maestro, François Morelli, Pat Oleszko, Daniel Olson, Ed Pien, Ramona Ramlochand, Ana Rewakowicz, Denis Rousseau, Carolee Schneemann, Stephen Schofield, Michael Smith, Andrea Szilasi, Chih-Chien Wang, Johannes Zits
«À l'occasion de son événement bénéfice annuel, la galerie Optica a invité trente artistes du Canada et de par le monde à réaliser une série de clichés photographiques à l'aide d'appareils-photos panoramiques jetables. Ces photographies seront dévoilées lors d'une soirée spéciale animée par Pierre Beaudoin qui se tiendra le 28 octobre 2004 O PATRO VÃÅ [avec DJ et prix de présence].
Trente billets sont disponibles dès maintenant pour la somme de 250$ l'unité. Chaque billet donne droit au contenu d'un appareil-photo [ainsi qu'à deux billets d'entrée pour la soirée-bénéfice]. L'ordre dans lequel les détenteurs de billets pourront choisir leur appareil-photo sera déterminé par un tirage au sort [dès 19h]. Le nombre d'images varie selon les appareils-photos, qui peuvent au total en contenir quinze.»
- Carton d'invitation (Optica)
David Armstrong Six
du 5 novembre 2004 au 11 décembre 2004 Free
Une exposition fondée sur l’illusion n’a rien de nouveau à offrir, et ma version ne comporte rien de grandiose ou de psychotique. En ce sens, il s’agit d’un mélange plutôt conventionnel de petits événements; peut-être le sillage laissé par des pensées incomplètes ou l’ambition même dont il ne resterait que des décombres...
Je ferai toujours de la place pour l’échec mais jamais pour la défaite; il est donc naturel que je considère cette exposition comme étant ma propre usine privée. Et c’est une usine à débris : j’ai écrit quelques chansons, réuni des ordures glanées sur le bord de la route et renégocié une sculpture réalisée il y a presque dix ans. Parce que les babioles constituent une donnée importante de l’économie actuelle, le produit final de ma production personnelle sera toujours un fantasme projeté dans l’espace...
Adad Hannah
du 5 novembre 2004 au 11 décembre 2004 Room 112
«Une vedette donne une entrevue, un couple se dispute, un musicien est interviewé et par la suite il plaque sa petite amie, une assistante poudre la star, un baby-sitter envoie des messages instantanés sur son portable pendant que les enfants qu’il garde s’amusent à des jeux vidéo – et alors que tous ces gens demeurent immobiles, la salle 112 pivote doucement.»
- AH
«Room 112» commence avec la formule conventionnelle de l’entrevue avec une vedette, c’est-à-dire des prises de vue successives de l’interviewer et de l’interviewé; puis la formule prend de l’expansion et se désintègre au fur et à mesure que l’œuvre avance. La chambre d’hôtel peut servir de décor à toutes sortes d’événements. Ce n’est donc pas étonnant que les studios de cinéma la choisissent pour y offrir des entrevues avec leurs vedettes, puisque ce n’est que dans un pareil «non-lieu» que la personnalité de la télévision montréalaise Mosé Persico (l’hôte de l’émission «Entertainment Spotlight», présentée sur les ondes de CFCF est qualifié sur plusieurs sites Web de «flagorneur accro vivant aux crochets des médias») peut se trouver assis dans la même pièce que Tom Cruise et sembler s’entretenir avec lui. Qu’ils soient ou non au même endroit, ou qu’ils soient réunis au montage à l’aide d’un EPK (Electronic Press Kit) distribué par le studio, est sans importance. Chacun joue un rôle qui lui a été assigné dans une représentation connue sous le nom d’entrevue avec une vedette.
«Room 112» prend la formule de l’entrevue avec une vedette et la combine au couple qui se dispute, autre cliché connu, pour créer quatre «stills» qui passent d’un duo «correct» à un autre «incorrect», montrant tantôt ce qui est prévisible, tantôt l’imprévisible et l’incompatible. Durant cette scission de cellules/scènes stéréotypées, les cellules se divisent à répétition. Il en résulte un cycle vidéo qui imite, fracture et complique les formes génériques d’un médium extrêmement envahissant : la télévision. Des bribes de récit sont offertes dans une séquence puis niées dans la scène suivante. Bien que la pièce avec ses murs rouges, son divan rayé et ses moulures blanches crée une entité claustrophobe, toute tentative de réunir les scènes séparées en un récit cohérent ne génère que de la frustration.
S’inspirant également de l’apparition occasionnelle d’un éclairagiste ou d’un producteur avant que ne commence l’entrevue avec une vedette (un nouvel ajout postmoderne au lexique télévisuel visant à nous montrer les vedettes sous leur «vrai jour»), cette œuvre montre aussi de façon délibérée le cameraman et le preneur de son qui, bien entendu, n’enregistrent rien. Tout comme l’ajout récent de séquences prises «en coulisses» que l’on voit de plus en plus à la télévision commerciale, cette inclusion ne révèle rien du processus de production, mais constitue plutôt une couche supplémentaire d’artifice.