logo Optica

+ Programmation + Archives Décades + Nouvelles + Publications + Soutenez Optica + Info

Décades

Expositions 2008

Année
0 | 1972 | 1973 | 1974 | 1975 | 1976 | 1977 | 1978 | 1979 | 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | 1991 | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 |

Liste des artistes, auteurs et commissaires

| A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | R | S | T | U | V | W | Y | Z |

Fonds documentaire OPTICA (Service des archives de l'Université Concordia)

Ouvrages aidant à la consultation des archives

Droits électroniques





Yves Tessier
du 18 janvier 2008 au 23 février 2008
Situations récentes | Recent Situations

La série «Recent Situations» d’Yves Tessier est un corpus d’oeuvres créées entre 2001 et 2007. Les caséines sur panneaux de bois – découpés de manière à explorer une multitude de petits formats – se côtoient sur le mur pour suggérer que tout ce que nous y voyons se déroule au même moment. Alors que deux hommes se serrent la main devant une mosquée à Central Harlem, quatre couples au Japon sont engagés dans une activité à la fois collective et privée. Et, quelque part dans l’intimité d’une chambre à coucher, un homme, une femme et un chien se préparent à une bonne nuit de sommeil.

Ordinaires, singulières et parfois drôles, ces situations montrant des gens dans la vie de tous les jours sont peintes dans un style qui s’inspire d’un vaste bassin d’influences, à commencer par la haute Antiquité – art étrusque, minoen, égyptien et assyrien – jusqu’à l’art chinois et aztèque, puis l’ukiyo-e et la bande dessinée et, enfin, un retour en arrière de 30 000 ans avec la peinture rupestre. Comme le dit Yves Tessier : «Lorsque je suis descendu, pour la première fois, dans ces lieux de sépulture étrusques ornés de fresques, j’ai été frappé par la simplicité de leur style : des lignes audacieuses et sensibles traçant des contours remplis de couleur, et aucune ombre. C’est ainsi que débuta une fascination pour plusieurs cultures picturales ayant ce trait en commun. Pourtant, j’ai mis plusieurs années à adopter cette approche; je croyais que je perdrais ma personnalité si j’abandonnais les ombres. Je les ai abandonnées et je l’ai effectivement perdue, mais tout s’est alors ouvert. La simplicité m’a permis de mettre plus de vie dans mon sujet. Ce que j’ai gagné, c’est plutôt l’identité ludique d’un acteur capable de créer différents rôles. Sauf qu’avec l’image peinte, il ne s’agit pas seulement de personnages – ce peut être un arbre, un édifice, plusieurs piétons, un plancher, un arrière-plan ou un objet; tout passe par moi. Et c’est ici que la complexité entre en jeu.»

Originaire de Montréal, Yves Tessier expose depuis 1976. Il vit et travaille à Central Harlem, New York, depuis 2001. Il a participé à de nombreuses expositions de groupe dont «Lush», sous le commissariat de Michael Merrill et Andrea Szilasi, Articule, 1995; «Systems of Exchange», The Toronto/Montreal exchange arts projects, Toronto, 1994; «Peinture», sous le commissariat de David Blatherwick, Clark, 1991; «Small Works : Aspects de la peinture montréalaise contemporaine», Pavillon du Québec, Montréal, 1982 et «Forum 76», sous le commissariat de Leo Rosshandler, Musée des beaux-arts de Montréal, 1976. Sa dernière expo solo remonte à la Galerie Local 906, 1995, à Montréal.

Bibliographie
- Crevier, Lyne, «Instants Volés», Ici, 31 janvier - 6 février 2008, p.41.
- Delgado, Jérôme, «Une Manif et bien des doublés», Le Devoir, 19-20 janvier 2008, p.E11.
- Delgado, Jérôme, «Le Monde en 80 Tableaux», Le Devoir, 26-27 janvier 2008, p.E6.
- Redfern, Christine, «Good things, small packages», Mirror, 24-30 janvier 2008, p.46.
- Tousignant, Isa, « Arts 2007 Winter Cultural Guide, Hear Them Roar Galleries and Museums are just getting started», Hour, 10 janvier 2008, p.14.




Jessica Field
du 18 janvier 2008 au 23 février 2008
Exposition solo

Ces vidéos ont été tournées à la manière d’un naturaliste étudiant le comportement d’un animal dans son environnement naturel; les sujets de cette enquête sont cependant quatre robots. Le robot est un sujet involontaire dont le comportement est déterminé par le contrôle externe de son environnement et par le contrôle interne de son programme. Dans son fonctionnement, par contre, il se peut que des pépins surviennent, découlant des limites du programme. Le robot adopte alors un comportement non désiré.

Je programme mes robots en langage assembleur. Ce faisant, je peux créer une relation de compromis avec eux puisqu’une erreur est si vite arrivée. Ces vidéos illustrent comment une commande oubliée ou mal placée peut engendrer un comportement inattendu. Elles imitent également des comportements organiques pour souligner le processus de découverte par lequel je passe pour comprendre le robot. Ce dernier devient sa propre entité à cause de mon incapacité à produire toute chose.

Dans les interactions sociales qu’ils entretiennent entre eux, les robots ont des personnalités qui ont été conçues pour montrer comment leur capacité d’auto-analyse, lorsque portée à un point extrême, résulte en une incapacité fonctionnelle. La tendance obsessionnelle des robots à l’auto-évaluation fait que leurs réactions comportementales sont dépourvues d’instinct de conservation.

Jessica Field travaille principalement dans le domaine de la robotique et de l’intelligence artificielle pour créer des pièces de théâtre pour robots dans lesquelles l’environnement détermine le cours de l’intrigue et les acteurs robots expriment leurs faiblesses de caractère. Le travail de l’artiste a été présenté à Montréal et à Toronto. Elle s’est méritée de nombreuses bourses et subventions de projets de la part d’organismes artistiques comme le Conseil des Arts du Canada et la Fondation Daniel Langlois.



Sarah Jane Gorlitz, Wojciech Olejnik
du 15 mars 2008 au 19 avril 2008
Exposition duo

Dans les œuvres qu’ils réalisent en collaboration, Sarah Jane Gorlitz et Wojciech Olejnik cherchent à élaborer différentes stratégies pour décrire le réel, en utilisant la durée offerte par l’animation image par image et en construisant des décors. Dans les deux vidéos présentées à Optica, le passage du temps est en fait une séquence de moments enchânés, image par image. La durée n’est pas continue, procédant plutôt par sauts erratiques et par incongruités. Avec chaque image qui passe, l’œuvre attire l’attention sur sa propre existence, sa propre forme, pour échapper à la mesure du temps et à sa juridiction.

Les deux vidéos présentent des maquettes miniatures détaillées, montrant des couloirs et des plates-formes de métro abandonnés, des espaces apparemment dépourvus de fonction et perceptiblement fictionnels. Ces maquettes n’ont pas été réalisées avec l’intention d’être des répliques de lieux réels, mais sur le mode intuitif, comme si elles émanaient de l’imagination ou d’un souvenir lointain. Elles sont construites à partir de matériaux trouvés et familiers, ce qui les enracinent dans le monde physique, et en imitent parallèlement les systèmes et les fonctions. En tant que tels, ces espaces sont présentés dans des situations tout juste à l’extérieur de la réalité physique. Chaque espace devient un non-lieu, une illusion, une brèche entre le réel et ce qui semble en être le double modélisé. Par les prises de vues image par image, l’eau monte et baisse, mais toujours abruptement, irrégulièrement. En raison de la petite échelle de la maquette, sa marée apparât plus épaisse, déferle plus lentement, comme un corps gras. C’est comme si, dans ce contexte, l’eau était réanimée, transfigurée, non plus de l’eau mais la forme de l’eau, l’illusion de l’eau.

Sarah Jane Gorlitz et Wojciech Olejnik collaborent depuis 2006 à la réalisation de vidéos et d’installations sculpturales sous le nom de SOFT TURNS. En 2007, ils étaient lauréats d’une bourse du Conseil des arts de l’Ontario pour artistes en début de carrière. Leurs œuvres personnelles et collectives ont fait l’objet d’expositions au Canada et en Allemagne. Ils vivent et travaillent tous deux à Berlin, en Allemagne, et à Toronto, au Canada.

Bibliographie
- «Preview, Quebec», Canadian Art, vol. 25, no 1, Printemps 2008, p.34.




Fiona Macdonald
du 15 mars 2008 au 19 avril 2008
(Re)Points of View

«(Re)Points of View» (2006-2008) fait partie d’une série intitulée «The Remake Project 2005–», dans laquelle j’étudie différentes pratiques conceptuelles. S’inscrivant dans une archéologie de la pratique vidéo, l’œuvre construit certains modèles relationnels, s’inspirant de la performance, du spectacle et de la linguistique. Comme l’indique le titre de la série, cette œuvre est à la fois un «remake» et une traduction, dans laquelle j’ai repris l’œuvre réalisée par Nancy Holt en mai 1974, Points of View : Clock Tower. Dans la bande vidéo originale en noir et blanc, une image circulaire, semblable à un disque, se déplace contre un fond noir, alors que deux personnes réagissent en voix hors champ à ce qu’ils voient. Tout en conservant la rigueur et l’aspect expérimental, presque scientifique, de l’œuvre de Holt, ma version renverse et inverse le format original. L’objectif de la caméra devient un psychanalyste, alors que les joueurs-sujets-acteurs – des artistes, collègues de résidence à Banff en 2006 – incarnent des sujets d’analyse. «(Re)Points of View» (2006-2008) propose que nous sommes constamment en train de traduire, de négocier, ce qui constitue le langage majeur ou mineur de l’instant présent.

«(Re)Points of View» (2006-2008) est un DVD à canaux multiples de 100 minutes qui contient les prestations et performances de Victoria Scott, Scott Kildall, Natalie Loveless, Brian Goeltzenleuchter, Deidre Logue, Brian MacNevin, Nina Leo et Todd Macyk. Traduction du scénario par Marc Orlando.

13 mars 2008
Conférence de l'artiste
Présentation du Studio Arts Visiting Artist Program (SAVAP)
Université Concordia
1395, René-Lévesque Ouest (# VA_114)

Fiona Macdonald est artiste et écrivaine; elle vit à Melbourne, en Australie. Sa pratique inclut la vidéo et l’installation, la photographie et le cinéma. Dans son travail, elle fait appel à des artistes, des compositeurs, des écrivains et des chorégraphes. Ses œuvres ont été présentées au Australian Centre for Contemporary Art, au Museum of Contemporary Art et dans d’autres musées et galeries en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, ainsi que par Ars Electronica, ISEA et des festivals de films aux États-Unis, en France et en Italie.



Julie Beugin
du 10 mai 2008 au 14 juin 2008
Créer de l'espace / Making Space

Dans ses grands tableaux d’espaces fictionnels, Julie Beugin combine des paysages aux couleurs étranges et des intérieurs architecturaux, nous situant à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, au seuil de l’imagination et de la réalité. Ses idées de tableaux sont déclenchées par la lecture de descriptions dans des romans, même si les tableaux eux-mêmes ne contiennent pas de personnage et de récit. Empreintes de théâtralité, ses peintures puisent dans différentes sources iconographiques, dont des photographies trouvées, de vieilles éditions de National Geographic et d’images prises sur Internet. Ses paysages romantiques sont peints sans profondeur convaincante, devenant les toiles de fond d’espaces de création intimes, équipés de bureaux, de piles de livres, de paperasse et de chaises vides. Des fragments d’image suggèrent des réalités simultanées : espace onirique, espace mental, infiltration et déstabilisation du présent par la mémoire. Le romancier Paul Auster décrit ces espaces à merveille : «La pièce dans laquelle il vivait était un espace onirique et ses murs étaient en quelque sorte comme la peau d’un deuxième corps répandu autour de lui, comme si son propre corps avait été transformé en esprit, en un instrument de pensée pure qui respire.»

Les œuvres de Julie Beugin ont fait l’objet d’expositions à Vancouver, à Ottawa et à Calgary. Elle détient un baccalauréat en beaux-arts de l’Emily Carr Institute à Vancouver et une mâtrise en beaux-arts (2008) de l’Université Concordia. Elle vit et travaille présentement à Montréal.



Cheryl Sourkes
du 10 mai 2008 au 14 juin 2008
Webcams + Chatrooms

Les images et les films de «Webcams + Chatrooms» sont des sélections de captations faites par des caméras opérant en continu, à partir d’Internet. Au cours des dix dernières décennies, j’ai réuni des corpus d’œuvres composées de matériel généré par des caméras utilisées à différents endroits : rues, chapelles, circulation, lieux touristiques et de travail, résidences, cybercafés. Dans le contexte réflexif d’une galerie, la lecture de ces images éphémères se trouve, à mon avis, transformée.

Si les webcams captent le monde réel, elles transmettent cependant leurs captations dans un monde virtuel. Toutefois, leur présence dans le domaine virtuel peut engendrer des conséquences réelles. En plus de la relation entre le réel et le virtuel, je suis également fascinée par le lien qui existe entre le comportement et le jeu. Il semble que quiconque ayant une webcam peut devenir interprète, producteur, exhibitionniste, pornographe, directeur photo, etc. Parce que les webcams sont omniprésentes et qu’elles enregistrent en continu, les gens ne jouent pas devant elles de la même manière qu’ils le feraient devant d’autres caméras. L’action semble plutôt surgir d’un lieu semi-conscient, entre le comportement ordinaire et la représentation préméditée.

«Webcams + Chatrooms» présentent des activités simples – prendre une douche, faire l’amour ou errer –, mais sans le quatrième mur. La surveillance de type «big brother» joue un rôle moins grand qu’on pourrait le penser dans le domaine des webcams, beaucoup moins en fait que dans le cas de l’auto-surveillance. Ce ne sont pas des espions qui affichent ces images, mais des participants. Les webcams ont inspiré la création de la télé-réalité. Ont-elles également produit une nouvelle forme de documentaire où la réalité s’entremêle à la virtualité et où le comportement quotidien fusionne avec la performance ?
- Cheryl Sourkes

Cheryl Sourkes travaille en arts numériques et avec des appareils munis de lentilles de toutes sortes. Elle est également auteure et commissaire en arts contemporains. Elle a grandi à Montréal et a reçu une formation professionnelle à Vancouver. Elle vit et travaille présentement à Toronto et à Manchester, en Angleterre. Depuis les trois dernières années, elle est commissaire de l’espace consacré aux projets à Akau. Elle est représentée par la Peak Gallery à Toronto.


image
© Page couverture l Book cover, La Demeure, 2008.

le 23 mai 2008
Lancement de la publication La Demeure

Commissaire : Marie Fraser

Auteurs: Marie Fraser, Constanza Camelo, Marie-Paule Macdonald

Préface : Marie-Josée Lafortune

Artistes : Kim Adams, Michel de Broin, Constanza Camelo, Claudine Cotton, Alexandre David, Marie-Suzanne Désilets, Rachel Echenberg, Marie-Ange Guilleminot, KIT + Artengine = Borderline Developments, Lani Maestro, Shelley Miller, Janet Morton, Daniel Olson, Jean-François Prost, Ana Rewakowicz, Danielle Sauvé, Steve Topping, Mary Sui Yee Wong.

La demeure propose différents regards sur des pratiques et des enjeux contemporains dans le contexte d’une mouvance culturelle dont on mesure à peine la complexité. Devenue portable, mobile et éphémère, la demeure se trouve façonnée aujourd’hui par sa propre quête et témoigne d’une volonté d’habiter des lieux et de s’inventer des modes de vie non conventionnels qui sortent du cadre traditionnel de l’architecture. Les artistes sont nombreux aujourd’hui à questionner ce phénomène. L’habitat n’est plus un simple espace de repli, sédentarisé, il s’immisce au contraire dans les interstices entre intérieur et extérieur, touchant autant à l’intimité qu’à l’espace social, à la vie quotidienne et domestique qu’à la densité et l’activité urbaines. Vécue comme un espace mutant et nomade, la demeure est un moyen de s’orienter et de se localiser dans l’espace et dans le monde. Cette réflexion ouvre ici sur des préoccupations artistiques et culturelles, géographiques et philosophiques, qui nous obligent à situer autrement l’idée d’un chez soi comme fondement du sentiment d’appartenance et de l’identité.

Voir le catalogue des publications.



Janice Kerbel
du 6 septembre 2008 au 11 octobre 2008
Exposition solo

Commissaire : Marie-Josée Lafortune

Janice Kerbel a fait son entrée dans le monde de l’art de curieuse façon : en imaginant le vol d’une banque à Londres dans ses moindres détails. Bank Job , 1999, répertorie avec une minutie chronométrée les étapes à suivre, documentant la banque sous différents angles, donnant le plan du lieu, de la ville et la route à prendre pour s’enfuir avec le butin. Cette méthodologie distingue la pratique de Kerbel qui s’intéresse à la notion de document dans une forme fictionnelle. Dans ses projets, l’artiste reprend des conventions, réfère à des époques et à des savoir-faire qu’elle étudie à la manière d’une anthropologue, recueillant sur le terrain et s’adjoignant les services d’experts. Le corpus d’œuvres qu’elle a créé est d’une grande sobriété et reprend des stratégies conceptuelles où le langage, le texte performé, est une composante essentielle.

Three Marked Decks , 1999, est une œuvre constituée de trois jeux de cartes ( Piatnik Vienna [standard], Bicycle Riderback [poker] et Bee Special Diamondback [blackjack]). Chaque jeu est imprimé sur une feuille. À prime abord, leur design semble conforme aux modèles existants. Pourtant, un œil averti repèrera les retouches à l’endos et détectera leur potentiel en observant la perte d’un motif (le nombre de pétales d’une rosette décorative indiquant la valeur de la carte) ou la subtile prolongation d’une spirale. L’exercice n’est pas facile car il requiert une autre «expertise». Il condense, à lui seul, ce qui fait la signature de Kerbel : un phénomène perceptuel dont le regardeur est le sujet «invisible». La particularité de ses œuvres réside dans la promesse d’une action dont la réalisation ne se concrétisera jamais. Elles restent au seuil de cette promesse, nous invitant à imaginer et à prolonger ce qu’elles proposent conceptuellement sur papier.

Remarkable , 2007, est une série d’affiches typographiques conçues pour la foire d’art Frieze de Londres, dans laquelle l’artiste annonce l’avènement de situations extraordinaires imaginées en réponse à ce contexte de foire. Le texte est performatif dans sa forme ; le choix et la taille des caractères dictent la lecture qui souligne le caractère événementiel de l’œuvre. Chaque affiche relate l’exploit, le haut fait, d’une personne remarquable à qui l’on confère des propriétés surnaturelles. La nature de ces exploits est une série de déclinaisons sur l’acte de voir, de regarder, d’affiner sa vue afin de percevoir le phénomène annoncé (l’œuvre d’art). Initialement placardées, les affiches conservent en galerie toute l’immédiateté dont le texte est porteur. À l’instar de Three Marked Decks , cette série démontre la compréhension que Kerbel a des codes (visuel et textuel) et des conventions esthétiques qui permettent à sa pratique d’exister et de trouver un équilibre entre l’action et la pensée, la rationalité et l’imagination, l’abstraction et la représentation.

Janice Kerbel vit et travaille à Londres où elle détient une mâtrise en beaux-arts du Goldsmith’s College de l’université de Londres. Elle expose régulièrement au Royaume-Uni et participe à de nombreuses expositions internationales. Sa pratique conceptuelle comprend un corpus d’œuvres sur papier et également des performances ( Ball Game , 2008), certaines conçues pour la radio ( Nick Silver Can’t Sleep , 2006 – Artangel, produit et diffusé à la BBC Radio 3), et des projets d’édition ( Deadstar: A Ghost Town , 2006 – Locus +, Newcastle). En 2007, elle prenait part à la Biennale de Montréal.

Janice Kerbel est représentée par la Galerie Karin Guenther, Hambourg, Allemagne. Optica tient à remercier la Galerie pour son aide et sa contribution.




Claudia del Fierro
du 6 septembre 2008 au 11 octobre 2008
Exposition solo

Les vidéos de Claudia del Fierro, présentées chez OPTICA, documentent des performances réalisées dans des lieux publics. La nature des actions rappelle a priori les œuvres vidéographiques des années 1980 au Québec, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire. Privilégiant une captation en direct, del Fierro ne se soucie pas de peaufiner une image, ni de l’esthétiser. Elle se préoccupe davantage d’être au service d’un contenu, le plus souvent social et féministe. Il s’en dégage un fort sentiment d’appartenance teinté d’humour. Au travers de ces bandes et dans sa pratique en général qui combine documents visuels et audio, c’est la critique d’une société qui se profile, le climat d’incertitude et de surveillance (dans l’espace public), la précarité de l’être, le statut de la femme chilienne, le rôle des classes, des médias et celui de l’artiste dans sa communauté.

Identica, 2000 illustre candidement le phénomène du concours télévisé, calqué sur le modèle américain. Ici, on ne peut rester indifférent au déroulement de ce concours, diffusé à la télévision nationale, et au sort réservé à la gagnante. Le montage chaotique porte à croire qu’il s’agit d’une fiction où la secrétaire, personnifiée par del Fierro, est l’héroïne tragi-comique de la soirée. Cette vidéo porte un regard cru, sans filtre, sur les médias, surtout sur les stéréotypes véhiculés par le petit écran qui imite la culture hollywoodienne.

Politicamente Correcto, 2001, est une action qui se déroule dans un quartier industriel de Santiago. Sur une base quotidienne et durant plusieurs semaines, l’artiste s’est infiltrée, au moment de la pause, dans une usine de textile où travaille un grand nombre de femmes. Chaque jour, elle est vêtue d’une robe de couleur identique à celle des travailleuses. Ayant déjà peu de temps pour échanger, aucune d’entre elles ne remarquera sa présence. En imitant un code vestimentaire, del Fierro soulève des questions d’éthique et de politique sur le rôle de l’artiste et sur les limites de l’art, en s’introduisant dans l’espace de l’autre.

En galerie, la vidéo, qui documente cette action, est présentée conjointement avec les robes portées par l’artiste. Le nombre de robes forme une colonne qui est elle-même à l’échelle de la Chilienne moyenne. Cette installation a été présentée au Musée d’art contemporain de Santiago quelque temps après l’action de l’artiste et la fermeture de l’usine. C’est la première fois qu’elle est montrée dans son intégralité à l’extérieur du Chili.

Depuis, del Fierro est passée derrière la caméra d’où elle observe l’environnement et la condition des autres, celle d’être immigrant dans The Sweet Promise, 2007, et de vivre en autarcie dans Wild Life, 2008.
- Marie-Josée Lafortune

Œuvres en galerie :
Identica, 2000 – DVD 3,57 min
Politicamente Correcto, 2001 – DVD 3,15 min, tabliers

Claudia del Fierro vit et travaille à Santiago (Chili) où elle détient une maîtrise en arts visuels de l’Université du Chili. Elle a exposé au Chili et a participé à de nombreuses expositions à l’international dont Göteborg (Suède), Melbourne (Australie), Rotterdam (Pays-Bas), New York (É.U.), en plus de prendre part à la Novena Bienal de Arte de la Habana, à Cuba, et à la IV Bienal Mercosul, à Porto Alegre, au Brésil. En 2008, elle était artiste en résidence à IASPIS, à Stockholm.





Milutin Gubash
du 31 octobre 2008 au 6 décembre 2008
Born Rich, Getting Poorer

Épisode 1, scène 1 (suite)

INT. PORTE D’ENTRÉE - JOUR
MILUTIN (affichant un air déconcerté, irrité): Maman?!? Milutin joue avec la serrure. Il lève la tête pour regarder sa mère puis la baisse pour regarder la serrure.

Il refait ce mouvement de tête rapidement et plusieurs fois. Maintenant, il se sent vraiment honteux et coupable. Sa mère vit seule, à 8 000 kilomètres. Ayant presque quarante ans, il est incapable de lui offrir un peu de confort à son âge avancé. Elle se lève encore à tous les jours et se rend travailler dans un centre commercial. Parfois, il lui emprunte de l’argent. Quand ils avaient son âge à lui, elle et le père de Milutin sont partis pour un pays complètement étranger, lassant les leurs et ce qu’ils connaissaient derrière eux. Ils ont appris une nouvelle langue, se sont démenés pour élever leur famille, tout en espérant se forger une vie meilleure pour eux-mêmes. Leurs deux enfants ont fini par devenir artistes.
Le déplacement en avait-il valu la peine?
L’a-t-elle prévenu de sa visite aujourd’hui?
A-t-il tout simplement oublié?
Est-il à ce point un trou du cul?
Finalement, ayant réussi à coordonner correctement la serrure et la poignée de porte, il commence à ouvrir lentement la porte alors même que sa MÈRE la pousse pour entrer.


MILUTIN (suite) (bafouillant): Ohé, mais qu’est-ce que tu fais là?

MÈRE (impatiemment): Impossible que je reste une minute de plus dans ma maison avec les affaires de cet homme là-dedans!

Conçue à la manière d’un «sitcom», cette nouvelle installation reprend les thèmes chers à l’artiste : la famille, la vie et la mort.

Une partie seulement des émissions est visible en galerie. Ne partez donc pas sans emprunter l’intégrale des épisodes sur vidéo qui est disponible à la réception!

Born Rich Getting Poorer – 5 épisodes

Épisode 1 : JENKEM? , 2008, DVD, 20 min.
Épisode 2 : TO KINGSTON ON! , 2008, DVD, 20 min.
Épisode 3 : DEAD CAR... , 2008, DVD, 20 min.

D’autres épisodes seront lancés périodiquement par le biais de la galerie à partir de janvier 2009.


Né in Novi Sad (en ex-Yougoslavie), Milutin Gubash vit maintenant à Montréal. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe. Des expositions personnelles lui ont été récemment consacrées au Musée d’art contemporain de Montréal (2007), à l’Art Gallery of Calgary (2008), à YYZ à Toronto (2007), à 3015 à Paris (2007) et à RLBQ à Marseille (2008). Il détient une mâtrise en beaux-arts (photographie) de l’Université Concordia à Montréal, un baccalauréat en beaux-arts (photographie) et une licence en philosophie de l’Université de Calgary. Sa pratique incorpore photographie, vidéo et performance, et fait régulièrement appel à la participation de ses proches. Anecdotes autobiographiques, insinuations, rêvasseries quotidiennes et appropriation culturelle constituent la matière factuelle et réelle à partir de laquelle il illustre les vicissitudes de sa vie d’artiste. Utilisant des moyens simples et souvent des gestes comiques, il exploite le potentiel transformatif des incertitudes qui fondent nos rôles domestiques et sociaux conventionnels, nous demandant de suivre l’artiste pour reconsidérer nos identités et nos environnements.



Sylvain Bouthillette
du 31 octobre 2008 au 6 décembre 2008
Exposition solo

Commissaire: Jean-Michel Ross

Dans cette installation, Sylvain Bouthillette amalgame l’esthétique et les principes du punk rock (hardcore nord-américain) à la philosophie bouddhiste, réinterprétant leurs répertoires symboliques et iconographiques respectifs. Son travail vacille entre ce qu’il nomme «la révolution interne» associée à la spiritualité et «la révolution externe» qu’il relie au mode d’expression et à l’univers punk. Une grille composée de divers dessins et slogans de même format ainsi qu’un autoportrait dérisoire où il se représente comme un Bouddha aux oreilles décollées, forme une installation très ordonnée, symétrique et systématique qui s’apparente et rappelle l’esthétique des columbariums.

Pour l’artiste, ces petits personnages aux visages squelettiques, typiques de certaines icônes contemporaines, évoquent non seulement l’«impermanence» de l’être humain de la tradition bouddhiste à laquelle il réfère avec les Sceaux du Dharma, mais aussi à la transformation de notre société et à la persistance de l’art. Cette référence à l’«impermanence», qui décrit un processus d’altération, fait songer aux vanitas du seizième et dix-septième siècles dans la peinture flamande qui évoquaient la certitude de la mort en toute chose et à laquelle nous sommes toujours sensibles. Il ne va pas sans dire que les images de crânes sont également omniprésentes sur la scène punk rock. Les slogans qui ponctuent les dessins tels que «TABARNAQUE DE CRISSE D’OSTIE DE FUCK DE CÂLICE» font état crûment du courroux de l’artiste tandis que ceux comme «LAISSER TOMBER LA TÊTE DANS LE CŒUR LE CŒUR DANS LE VENTRE ET REMONTEZ LE VENTRE DANS LE CŒUR» font plutôt état de sa pratique spirituelle. Mis en parallèle, ces écrits révèlent l’importance de l’altruisme dans le travail de l’artiste, qu’ils soient associés à une révolution interne ou externe.

Né en 1963, Sylvain Bouthillette vit et travaille à Montréal. Il détient une mâtrise en arts visuels de l’Université Concordia où il enseigne. Depuis 1987, il élabore une production graphique, photographique, sculpturale et picturale. Il est représenté par la Galerie Trois Points à Montréal et la Galerie Clint Roenisch à Toronto. Il a exposé régulièrement au Québec, au Canada et à l’étranger. En 2008, il participe à l’exposition Québec Gold à Reims en France. Entre 1988 et 1999, il a été bassiste pour des groupes tels que Rhythm Activism, Bliss et Roughage avec lesquels il a fait plusieurs tournées nord-américaines.